Jean Bernard

Jean Bernard fut longtemps le Président de l’Association des Anciens Elèves du Lycée de Bar-le-Duc, où il enseignait, mais il fut surtout Maire de Bar-le-Duc pendant 25 ans et député. C’est une haute figure de notre lycée et de notre ville. Paul-Eric Morillot, à son tour Président de l’Association, lui rendait ainsi hommage lors de l’Assemblée Générale de 2003, peu après sa disparition.

Jean Bernard naît le 22 septembre 1923 dans la Meuse, à Brabant-le-Roi où son père est instituteur. C’est au sein de ce milieu familial qu’il forgera ses convictions de socialiste engagé. Il sera élève à Revigny-sur-Ornain, puis il entrera en 6è au Lycée Raymond-Poincaré de Bar-le-Duc. Après le baccalauréat, il étudiera l’allemand aux facultés de Nantes et de Nancy. Il fera ensuite carrière dans, dans son ancien Lycée, qu’il rejoindra en 1945 pour y être successivement répétiteur, stagiaire et professeur titulaire en 1949.

Dès le début, Jean Bernard y fut un professeur d’allemand unanimement loué de tous sur le plan humain et sur le plan pédagogique. Efficace, à l’écoute, et professionnel, ses anciens élèves qu’il aimait revoir par la suite, en parlent toujours avec émotion.

Bouillonnant d’activité, Jean Bernard aimait servir et, le jeune professeur devint vite Conseiller Municipal de 1953 à 1965. En mai 1968, le syndicaliste laissa parler ses convictions. En 1970, il remplaça Pierre Marizier démissionnaire à la Mairie de Bar-le-Duc. Il y accomplit alors 5 mandats, soit 25 ans au service de tous. Ses actions furent multiples : il développa et il acheva l’immense chantier de la Côte Sainte-Catherine, il créa le nouvel hôpital. Il songeait déjà à la future rocade, et il mit en œuvre le réseau de transports publics et le concept de « triangle » destiné à associer Bar-le-Duc aux villes voisines de Saint-Dizier et de Vitry-le-François. Jean a fortement marqué l’urbanisme barisien à la fois par son modernisme, mais aussi par son respect pour le patrimoine. On lui doit le désir de sauvegarder et de valoriser la ville, sa ville, le quartier renaissance en particulier.

Lettré, Jean désirait que la culture fût accessible à tous : il mit sur pied le Centre d’Initiation à la Musique et l’Action Culturelle du Barrois. Soucieux de justice, désireux de défendre les plus faibles, il favorisa le développement, exponentiel, du Centre d’Action Sociale.

Jean Bernard était un pacifiste né, conciliant et mesuré. Même s’il connut le STO pendant la guerre, ce germaniste, défenseur de la réconciliation avec l’Allemagne, ne ménagea pas ses peines pour la paix. Son œuvre fut le jumelage avec Griesheim. Ce jumelage est toujours vivace. Jean devint Citoyen d’Honneur de Griesheim en 1980. En 1989, il reçut même la Croix d’Officier de l’Ordre du Mérite de la République Fédérale d’Allemagne. Nul doute que ces distinctions étrangères comblèrent le germaniste et l’homme.

En 1973, Jean Bernard devint Conseiller Général du Canton de Bar-le-Duc Nord, puis Député de la Meuse. Il quitta alors définitivement son métier de professeur après 5 ans de mise à disposition. Le parlementaire ne renonça pourtant pas à ce qu’il était : un germaniste et un enseignant. Il devint président du groupe parlementaire France-RFA. Aux côtés de Daniel Groscolas, Secrétaire Général de l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse, il organisa et il anima de nombreux colloques réunissant de jeunes Français et de jeunes Allemands. Il en parlait toujours avec un immense bonheur.

En 1978 le député perd son siège au profit de Gérard Longuet ; il le retrouve en 1981. En 1987, le Président François Mitterrand lui remet la distinction de Chevalier de la Légion d’Honneur. Six ans après, Jean sera élu au Conseil Régional qu’il connaissait déjà fort bien en tant que Maire. Il y siègera de longues années avant de prendre, de lui-même, sa retraite politique en 1995.

Tout au long de sa carrière universitaire et politique chacun a pu apprécier le sens de la mesure, et l’écoute bienveillante de cet homme affable que les propos de M. Dosé résument justement : « […] il a fait la preuve qu’en politique, on pouvait réussir en honnête homme. Il avait cette éthique, cette intégrité, et cette rigueur qui ne l’ont pas empêché de réussir, et alors qu’on assimile trop souvent les politiciens aux coups tordus. Un tel exemple est merveilleux. »

Réservé et pudique, bourreau de travail, il parlait peu de sa famille, de son épouse et de ses trois filles, qu’il savait préserver. Pourtant, il se consacrait pleinement à elles et à ses petits enfants qu’il choyait et dont la réussite le touchait. C’est au cours de nos réunions de l’Association qu’il se laissait parfois aller à les évoquer.

Car c’est Jean Bernard qui a su relancer notre association sur le déclin. Il en fut pendant de longues années le Président et le Président d’honneur. Il y tenait au même titre que d’autres fonctions plus prestigieuses, car il voyait en cette association le moyen de servir les élèves et l’éducation. C’est sa confiance qui nous motive à continuer son œuvre.

P.-E.Morillot

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